Pourquoi y-a-t-il des déserts médicaux en France ?

    Nous ne parlerons ici du domaine que nous connaissons : la médecine dentaire.

 

    Notre Caisse de retraites a publié ses statistiques, le revenu médian d’un chirurgien-dentiste homme s’élève à 83740€ en 2020 (69189€ pour les femmes). A première vue, cela semble plus que satisfaisant, même si ce revenu est en baisse par rapport à 2019.

 

    Évidemment, il faut 6 ans d’études pour faire un dentiste, avec une sélection sévère à l’entrée, (sélection justifiée, vous ne voudriez quand même pas vous faire soigner par des mauvais ! ).

    Et puis il faut un cabinet, comptez à partir de 50000€ pour le matériel, fauteuil, accessoires dans les tiroirs, et matériel de stérilisation ; ajoutons les locaux.

 

    Mais enfin, alors qu’aujourd’hui le SMIC est à 15228,35€ net annuellement, on se fait la réflexion :  « tu te tapes 6 ans d’études, tu casques 50000€, et tu touches annuellement 83000€ (69000€ si tu es une filles) », on s’attendrait à voir les jeunes se bousculer au portillon.

 

     Eh bien, force est de constater que ce n’est pas le cas, les déserts sont toujours aussi désertiques.

 

    Et nous doutons fort que l’augmentation du numerus clausus, comme d’ailleurs l’ouverture aux praticiens diplômés à l’étranger, y changent quoi que ce soit.

 

   Alors, cherchons un peu pourquoi.

 

   Il y a toujours un dentiste dans un désert médical, certes il n’est pas juste à côté, mais  enfin, il y en a un. Et il est le seul. Étant le seul, il ne craint pas le détournement de patientèle. Non, de ce côté-là, il est tranquille.

 

 

 

 Alors quoi ?

 

    Justement, il est le seul ! Quand un patient sonne au cabinet sans rendez-vous parce qu’il a un souci eh bien, il le case entre deux rendez-vous ; il sait trop bien que petite carie deviendra grande, qu’alors, ce ne sera plus un petit souci, mais une vraie urgence, qui sera chronophage, et comme il est déjà débordé…

 

   Il est le seul sur la place, personne ne lui volera cette petite urgence …alors, il est obligé de la prendre en charge…. Hélas ! Et il terminera encore en retard ce soir !

 

   A force de caser une petite urgence entre deux, il fait de longues journées ; s’il commence vers 8h30 le matin, il ne peut pas espérer finir avant 19h30, voir 20h. Retirons le repas de midi, cela fait une journée de facilement 10 heures ; bien sûr, il ne consulte pas durant ces 10 heures, il y a les devis, les fiches de prothèse, bref la paperasse ; Mais cela fait quand même de longues journées.

    Car ce n’est pas la seule de la semaine.

 

   Combien de temps passe-t-il au cabinet  chaque semaine ? 50 heures ? 55 heures ? Ou plus ?

 

     Or, la moyenne des 35h hebdomadaires est largement dépassée chez les dentistes.. .

 

    Certes, il y a le revenu, mais à quoi bon, si on n’a pas ni temps ni l’envie de le dépenser ! Ne nous étonnons pas si l’Ordre s’est récemment ému de la fréquence du burn-out chez les confrères.

 

 

   Les confrères récemment diplômés, comme nombre de professions médicales aspirent à conjuguer temps de travail et vie personnelle. Le surmenage n’est plus à la mode.

 

Avril 2022